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Empathie : Retour sur l'épisode 2 de la saison 1

  • Suzelle M
  • il y a 1 jour
  • 4 min de lecture
Affiche promotionnelle de la série Empathie
Florence Longpré et Thomas Ngijol dans Empathie (c)actuanews

Après un épisode pilote qui a posé les bases d’une série centrée sur la complexité de l'être humain et nos luttes intérieures, Empathie revient avec un second épisode plus audacieux. Cette fois, la série choisit de plonger directement au cœur des traumatismes des personnages et plus particulièrement de ceux de Suzanne. On y découvre une part de son passé, sa jeunesse, mais aussi le deuil qui la ronge depuis la perte tragique de sa femme et de leur fille. Un épisode bouleversant et profondément humain.


Suzanne Bien-aimée : les origines


L’épisode 2 débute par la célébration d'une prouesse historique : Guylène Bien-aimé, incarnée par Linda Malo, devient l’une des rares femmes noires assermentées et devient également associée à l'une des plus grandes firmes d’avocats au monde. Les plans serrés et la musique entraînante mettent en relief l'ampleur de cet accomplissement, faisant de Guylène l'objet de toutes les attentions.


Ce qui est intéressant, c'est de voir comment la série utilise la musique comme un véritable fil conducteur : sa présence dynamise la scène, tandis que son absence signale subtilement aux spectateurs l’approche d’un moment de tension ou de drame. Par exemple, quelques minutes après la scène de célébration de Guylène, la musique s'arrête et le spectateur découvre que Suzanne a été abandonnée dans une poubelle lorsqu'elle était bébé et que Guylène l'a recueillie.


Cet aspect de l'histoire de Suzanne permet de mieux saisir sa pratique en tant que psychiatre. En effet, dès l'épisode 1, sa capacité d’écoute et son empathie sont illustrées dans ses interactions avec les patients. Ces caractéristiques, toujours présentes dans l'épisode 2, pourraient expliquer la manière dont elle vit son abandon, justifiant ainsi sa volonté à ne jamais abandonner les autres et à prendre le temps de les comprendre.


Cependant, bien que Suzanne se montre attentive et compréhensive envers ses patients, elle ne fait pas preuve du même degré d’empathie avec tout le monde.


Dans cet épisode, Suzanne semble être en décalage par rapport au milieu bourgeois dans lequel elle s'inscrit. Au cours du repas, ce malaise se manifeste par une prise de vue au ralenti, contrastant avec un arrière-plan flou dans lequel les autres personnages poursuivent une conversation animée. Rythmée par la mélodie de Candelier, Suzanne se lève de table, incapable de supporter ce repas. Les paroles de la chanson et son imaginaire, qui dépeignent une représentation où elle lâche le lustre et se laisse chuter, traduisent son envie d'abandonner tout et sa mélancolie.


Par ailleurs, son mal-être ne semble pas se limiter à son enfance. En effet, plus tard dans la soirée, il est possible de voir Suzanne consommer plusieurs bouteilles d'alcool en serrant contre elle une photo sur laquelle elle apparaît avec une femme enceinte. La lumière bleutée, presque nocturne, accentue la profondeur de sa détresse et l’isolement dans lequel elle se trouve. C'est une manière d’exprimer la douleur sans dialogues, mais une poésie visuelle bouleversante.


Néanmoins, Empathie ne se limite pas à explorer ses émotions : la série questionne aussi les pressions sociales et les discriminations de genre.


Empathie : Un regard sur les normes sociales


Dans cet épisode, Empathie s’intéresse à la question du regard social et à ce que la société définit comme « normal ». Lors d’un repas, un personnage qualifie l’Institut Mont-Royal de « poubelle de la société », un lieu où l’on enferme ceux des « anomalies de la société ». L'établissement est associé à une prison et il y a des raccourcis qui sont faits pour nommer les personnes qui y vivent.


Un point intéressant, c'est le fait que le père de Suzanne, joué par Martin-David Peters, interroge par la suite la notion même de normalité : qu’est-ce que la normalité versus l'anormalité ? Une question qui pousse le téléspectateur à réfléchir au poids des jugements sociaux et au rejet de la différence.


Ce regard critique s’étend aussi au monde du travail. Suzanne, en tant que femme et supérieure hiérarchique, se heurte à un sexisme ordinaire, notamment à travers son collègue Émilien. Celui-ci interrompt les femmes lorsqu'elles parlent, il pense que Suzanne le prend de haut, et, face à elle, il lâche : « C’est pas mon problème si tu es trop émotive pour travailler ici », après que Suzanne lui dit qu'elle a l'impression qu'il remet en question sa légitimité ou celle de son poste. À travers son personnage, la série dénonce les micro-agressions que peuvent subir les femmes dans des milieux dominés par les hommes.


En parallèle, l’épisode explore la vulnérabilité d’autres personnages. Par exemple, Mortimer, qu’on découvre à travers ses CD et sa relation avec sa mère violente, incarne la souffrance silencieuse et la reproduction de la violence.


La scène finale, montre Suzanne jetant la photo de sa femme, tandis que Monsieur Dallaire renonce à ses hallucinations, même si elles étaient sa seule source de réconfort. Le retour des danseuses de ballet, dans une pièce en rotation, symbolise la fragilité et la beauté du déséquilibre humain.


Conclusion


Plus qu’un simple drame psychologique, avec ce second épisode, Empathie s’impose comme une réflexion sur l’humain, ses contradictions et ses limites. En mêlant psychologie humaine et critique sociale, la série offre une fine analyse de notre société actuelle.

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